La médiation s’inscrit dans une logique où l’enfant reçoit de l’adulte, un savoir et un savoir-faire ayant exigé un accompagnement culturel et qui prend sens aussi bien pour le parent que pour l’enfant. Le parent médiateur se situe entre le lire et l’enfant pour le faire pénétrer dans une dynamique de connaissance afin qu’émerge, chez l’enfant, la conscience de l’acte de lire. Loin des méthodes de lecture, dans l’espace familial, des actions ou gestes de médiation sont mis en place. Huit gestes constituent le socle théorique de cette médiation : construire du lien école-famille ; construire du lien entre apprentissage de l’acte de lire et le vécu scriptural et lectoral de la famille ; stimuler du désir d’apprendre ; aménager du temps pour la triade parent-enfant-livre ; favoriser le dialogue parent-enfant ; maîtriser les habiletés lectorales ; partager de l’enthousiasme de lire ; donner du sens à l’acte de lire.

Conscients du rapport de force qui s’installe entre l’école et les familles dès que la volonté de combler des lacunes existe, de nouvelles expérimentations ont été réalisées en communauté française de Belgique. Elles s’organisent autour de rencontres entre parents et enseignants Parents – enseignants au service de l’entrée dans l’écrit. L’objectif est de lister les questions et les désaccords, de traiter les problèmes identifiés en profondeur jusqu’à la négociation et la décision de programmes d’action. Il s’agit non seulement de créer un climat de relations humaines égalitaires mais aussi mener une action réellement centrée sur l’apprentissage.

Plutôt que d’opposer les valeurs, il est utile de travailler dans le sens de la complémentarité. Plutôt que de stigmatiser la culture populaire en termes de handicap, l’école doit reconnaître la dignité de cette culture. L’école n’a pas à former les parents, ni à combler un manque culturel. Des relations démocratiques et empathiques sont à promouvoir afin que chacun puisse agir tout en restant soi-même. Pourquoi faudrait-il choisir entre une éducation à l’autonomie et une éducation à la conformité aux règles alors qu’on pourrait former des enfants autonomes et respectueux des règlements ? Le but est de construire une convergence des actions dont l’enfant sera le premier bénéficiaire car, pour se lancer dans l’aventure scolaire, D. Mouraux (2004) affirme que tous les enfants ont besoin de trois autorisations: ils doivent s’autoriser à apprendre en dehors de la famille et à devenir autre que leurs parents, ils doivent se sentir autorisés à le faire par leurs parents, ils doivent autoriser leurs parents à rester ce qu’ils sont. Les parents sont les premiers responsables de l’éducation des enfants, non seulement par tout ce qu’ils leur donnent, mais aussi par le rôle central qu’ils jouent dans ses rapports à l’école. C’est grâce à une action concrète, complémentaire et concertée, que parents et enseignants pourront atteindre les objectifs de l’école : permettre aux enfants d’entrer dans l’écrit.