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Réduire l'illettrisme pour combattre le chômage

L'illettrisme « n'est pas un détail, mais un problème majeur qui doit être au centre de nos priorités», a expliqué, jeudi, Laurent Wauquiez (ici, le 21 janvier dernier). Le Figaro

Pôle emploi va apprendre à mieux détecter ce fléau, afin de venir en aide aux 300 000 chômeurs qui seraient concernés.

Un tabou, et un énorme handicap dans la recherche d'un travail. En visite jeudi matin dans une agence Pôle emploi du Havre - son deuxième déplacement en quinze mois dans la cité normande -, Laurent Wauquiez a donné le coup d'envoi d'une campagne de détection des demandeurs d'emploi en situation d'illettrisme. «Oui, notre pays a un problème avec l'illettrisme, a avoué le secrétaire d'État à l'Emploi. Il nous faut aujourd'hui le reconnaître et briser ce tabou qui représente une barrière impitoyable quand on perd son emploi ou on en recherche un.»

Selon une étude de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), 4,5 millions de personnes auraient des difficultés pour lire et écrire en France. Soit 9 % de la population ayant été scolarisée, dont plus de la moitié a plus de 45 ans ou travaille. «Des chiffres abyssaux», pour Laurent Wauquiez. «C'est un véritable fléau», abonde Thierry Le Paon, le «M. Formation» de la CGT qui avait fait le déplacement au Havre. «Il est scandaleux de payer un salarié en chômage partiel à ne rien faire quand il a des problèmes d'illettrisme», a ajouté ce proche de Bernard Thibault qui estime de «7 à 8 %» le nombre d'ouvriers concernés. Côté demandeurs d'emploi, c'est encore pire puisque 15 % des chômeurs seraient en situation d'illettrisme, selon l'ANLCI. Soit 300 000 personnes ! «Ce n'est pas un détail, mais un problème majeur qui doit être au centre de nos priorités», a expliqué Laurent Wauquiez.

20 000 formations en 2010

Les 49 000 conseillers de Pôle emploi disposeront donc prochainement d'un «kit pédagogique», conçu par l'ANLCI et adapté à chaque région, pour apprendre à détecter les situations d'illettrisme parmi les demandeurs d'emploi. «Des tas d'indices existent mais encore faut-il savoir les identifier», a justifié Marie-Thérèse Geffroy, la présidente de l'ANLCI. Des signes comme, entre autres, avoir de la difficulté à retracer son parcours professionnel, ne pas noter l'heure et le lieu d'un rendez-vous ou refuser de prendre certains transports en commun. «Il est très fragilisant pour un chômeur de reconnaître qu'il a un problème, reconnaît Dominique-Jean Chertier, le président du conseil d'administration de Pôle emploi. Il faut apprendre aux conseillers à les déculpabiliser et à les pousser à s'en sortir.»

En plus du kit, les agents vont être formés pour connaître «l'ensemble des outils disponibles». Enfin, l'État va financer 20 000 formations en 2010 sur les savoirs de base à destination des demandeurs d'emploi. Soit 7 % de la cible.

Une «première étape ambitieuse» que le secrétaire d'État à l'Emploi compte bien amplifier. Il entend également réorienter, en accord avec les syndicats qui le lui demandaient, une partie des fonds de la formation professionnelle pour les salariés illettrés via le futur Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels. Ce «FPSPP», dont la création est prévue dans les semaines qui viennent, doit permettre à 700 000 chômeurs et salariés peu qualifiés d'être formés chaque année.

Laurent Wauquiez souhaite enfin réformer la Journée d'appel de préparation à la défense (JAPD) pour que les 5 % de jeunes détectés en situation d'illettrisme ne soient plus à la sortie «laissés seuls dans la nature».

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» VIDÉO EXCLUSIVE - Interview vérité de Laurent Wauquiez

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4 commentaires
  • marinadac

    le

    aux diverses méthodes d'enseignement en passant par la méthode globale, semi-globale, l'écriture phonétique etc. Il faut revenir à la méthode d'enseignement du français traditionnelle en commençant par ouvrir les esprits et faire découvrir aux enfants dès la maternelle la richesse de la langue ce qui les incitera à parler correctement et à développer beaucoup plus de curiosité pour tout ce qui touche à la culture. Aujourd'hui, avec tous les moyens dont disposent l'éducation nationale, il est incompréhensible qu'un enfant de 6ème ne sache pas parler, écrire et lire correctement. Ne faut il pas s'occuper en priorité de tous ces parents qui sont touchés par cet illetrisme en créant pour ces derniers des lieux d'enseignement adaptés où ils pourront se rendre sans complexe et proche de leur domicile. C'est très bien de former et de sensibiliser le personnel des pôles emploi à ce problème mais si les structures de formation pour les demandeurs d'emploi ne sont pas créées dans les collectivités où ils résident, les plans de lutte contre l'illetrisme ne serviront à rien. Pour les ressortissants étrangers, la délivrance du permis de séjour de courte ou longue durée doit être conditionnée par une inscription obligatoire dans un centre de formation aux horaires adaptés. L'assiduité et la validation des acquis conditionneront le renouvellement du permis de séjour. Les entreprises doivent proposer dans la discrétion au personnel détecté par ce problème des horaires de formation aménagés.