2009 17/03 "L’alphabet des oubliés" - Atelier d'écriture

Intervenant : Patrick LAUPIN
Ecrivain, ancien formateur de travailleurs sociaux Pour en savoir plus

Le mardi 17 mars 2009  de 9h30 à 16h30 - au CRI PACA, 3, Cours Joseph Thierry, 13001 Marseille
Accès : par train : Gare St.Charles - le Métro 1 et Tramway ligne 2 stations : Réformés Canebière - Parking Gambetta

                                          
Public visé
Formateurs des dispositifs de formation linguistique de la région PACA, bibliothécaires, enseignants, animateurs lecture.

Objectifs de la journée
Dans la rencontre avec des personnes dites illettrées, s’il est important de communiquer des contenus ( le code, le sens, la langue) il l’est tout autant de recréer un espace de confiance et une réassurance dans le simple fait de s’exprimer. Car lorsque nous cherchons à nous exprimer nous ne voulons pas seulement dire quelque chose, communiquer, mais nous parlons quelque chose, nous sommes traversés par tous les effets de la rencontre avec l’autre.  Ce sont souvent des chocs, des traumas, des évènements et des rencontres douloureuses qui figent  la langue et l’histoire dans un impossible échange. C’est comme si la langue trébuchait et hésitait au cœur d’un trouble identitaire. Rendre sensible l’écoute de l’histoire redonne du sens aux émotions. Dans ce respect des obstacles et des hésitations, où se racontent les énergies et les silences de la vie, la confiance va plus vite que tous les gestes de comprendre.

Contenus/modalités
Le matin, nous pourrions faire connaissance par une mise en partage des expériences. Puis écouter des textes d’enfants ou d’adultes en situations d’illettrisme où s’entend bien que lorsque le geste créateur est attaqué à l’intérieur c’est toute la possibilité de parler, d ‘écrire et d’échanger qui est en danger. Dans cet empêchement se produit comme un abandon de la parole en soi-même.
L’après-midi, dans un atelier d’écriture centré sur l’expérience du rythme, de l’élan, de la singularité de chaque être dans les plis, replis et harmonies de sa langue, nous tacherons de nous rendre sensibles au vide et au rien, à l’attente, aux intuitions qu’il faut traverser pour que le sens naisse.
 
Nous nous rendrons sensibles au fait que l’on n’apprend pas à être dans la langue, on la refuse ou on l’accepte. Cette dimension du refus et de l’ouvert est même le lieu où chaque être s’impulse dans la vitalité du monde. Car il est plus difficile de rentrer dans le lieu où nous sommes créateurs que de savoir ce qu’on a à dire.
Nous pourrions prendre trois points de départs pour orienter l’écriture.
-Nos paysages et terres originaires d’existence, d’où nous venons, nos climats, nos frontières, nos traces et empreintes musicales.
-Un passage, écrire un de ces lieux fragiles et en équilibre, pleins de vie, que notre mémoire conserve comme un bien et une émotion.
-Un regret de n’avoir pas su ou pas pu dire quelque chose à quelqu’un d’autre au moment où ça nous paraissait le plus nécessaire. C’est aussi une façon d’écouter la voix qui parle à l’intérieur de nos évènements.

Ce qui nous ramène au fait que l’on n’apprend pas seulement à lire et à écrire avec un lexique et un code mais avec des évènements de rencontres. Et à cet autre fait que l’écriture et la lecture ne sont pas des choses qu’il faut forcer mais des élans et des naissances que nous ne pouvons traverser que dans la confiance et la sécurité prudentielle des liens.
Nous écrirons, écouterons les textes et associeront ce que nous vient à l’esprit. C’est moins un travail d’idées, de sens, que de renouer des rapports et des correspondances.